Pièce écrite en 1968.
Dans cent ans peut-être, ou moins, ou plus, après qu'un continent civilisé aura sauté sur lui-même à l'issue d'une guerre totale, dans un désert retrouvé, deux femmes sans nom, A et B, se rencontrent. L'une d'elles trimballe avec elle un "objet" exténué qu'elle veut jeter : le dernier guerrier sorti du dernier "désert à guerre", pantin irradié et décervelé traversé par des restes de réflexes de la mécanique guerrière.
Elles se parlent. Rient. Ont peur. Elles ont perdu la mémoire des évènements mais il leur reste celle de presque tous les mots. Et leur force vitale.
Il n'y a plus d'histoire. C'est un surgissement..

Ça parle de la guerre, de l'après catastrophe, de l’avant catastrophe, de la vraie paix, de la fausse paix. de cette espèce de chose qu’on appelle l’ordre mondial, comme on dit : c’est un ordre.
Cause à effet, ineluctable que l'on regarde impuissant arriver, puis destruction.
Oublier et s’en souvenir, tenter de se souvenir.
Tenter une renaissance avec un membre en moins.
Rire. Tragi-comique, clown Beckettien en buto parlé.  
Chercher à ré-apprivoiser le corps avec un membre amputé qui se rappelle à nous.

" Il n’est pas impossible d’imaginer qu’un jour le pays le plus fort du monde saute sur lui-même. Et que cesse son intolérable omnipotence.
Il n’est pas interdit de rêver qu’à partir de ce désastre une population nouvelle puisse surgir. Et que l’oubli de l’histoire fasse ce que la mémoire de l’histoire n’a pas fait : le blanc autour de l’homme. "
Marguerite Duras, programme de la création Yes, Peut-Être en janvier 1968.